Le court traité grec sur le pain consacré, transmis par le Diacre Jean, peut être mis en parallèle avec d'autres textes, en particulier :
Chez Théodore Abu Qurrah : on trouve dans son Traité arabe sur la vénération des icônes, deux passages que nous donnons dans la traduction légèrement adaptée de S. Bigham.
D'une part, au chapitre 2
Que diraient ceux qui sont étrangers à l'Eglise s'ils voyaient les chrétiens apporter du pain et du vin à leurs autels, dire des paroles sur ces dons et ensuite en communier, les chrétiens disant que ceci est le corps du Christ et cela son sang. Mais les autres verront que rien n'a changé, que le pain et le vin sortent du sanctuaire après leur consécration comme ils y sont entrés.
Puis au chapitre 16
Lorsque notre Seigneur a donné son corps et son sang à ses disciples dans la chambre haute à Jérusalem, il ne leur a offert que du pain et du vin, disant : « Ceci est mon corps et ceci est mon sang. » Mais la certitude de sa parole a pénétré dans leurs pensées, sans qu'ils n'aient vu aucune manifestation visible de la majesté de ce qu'il leur avait été offert. Et ceci a continué à se produire parmi les chrétiens qui communient à cette offrande ; ils sont certains que cette dernière soit le corps et le sang du Christ, même si après la consécration, ils voient qu'elle est restée comme elle était lorsqu'ils l'ont introduite avant d'être consacrée. Il en est de même pour leurs autres mystères.
Chez St Jean Damascène, dans le Traité sur la Foi Orthodoxe [De fide 4.13, traduction de Ponsoye], on trouve un parallèle, et peut-être l'origine du traité 22 d'Abu Qurrah :
Et il n'est pas plus difficile de dire comment, naturellement et en s'en nourrissant, le pain, le vin et l'eau deviennent le corps et le sang de celui qui mange et boit et non un corps différent du premier; ainsi le pain, le vin et l'eau de la prothèse sont changés surnaturellement, par la descente et l'irruption du Saint Esprit, au corps et au sang du Christ.
(Rappelons que la "Prothèse", ou "Préparation" est la première partie de la Divine Liturgie durant laquelle le prêtre prépare le pain et le vin mêlé d'eau qui seront, au cours de la Grande Entrée, apportés sur l'autel pour la consécration.)
Chez Samon de Gaza : Il ne s'agit pas, dans le Dialogue de Samon de Gaza avec le Sarrasin Ahmed, d'un texte parallèle puisque l'auteur a repris quasi à l'intégral (y compris une lacune tôt apparue dans la tradition manuscrite) le petit traité "sur le pain consacré qui est le corps du Christ", appartenant au recueil de paroles de Théodore Abu Qurrah élaboré par le Diacre Jean, pour en faire le premier argument de sa "catéchèse".