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Recueil du "Diacre Jean" : Préface

Réfutations des Sarrasins

par Théodore Abu Qurrah,

évêque de Harran,

 rapportées par le diacre Jean. [1]

 DJ 1 : Préface

 Ayant considéré la façon dont actuellement les hérétiques assaillent l'Eglise, comment ceux qui sont hostiles l'attaquent, comment des ennemis s'élèvent contre elle, il m'est venu à l'idée de comparer ces événements à des maladie qui sont maintenant présentes dans le corps d'un être vivant puis qui s'en vont.

Ceci est en accord avec la promesse infalsifiable de Celui qui a fondé l'Eglise sur le rocher inébranlable de la foi de Pierre [2], le chef des apôtres ; promesse de Celui qui est la "tête" de son "corps" [3], lui qui est le Verbe de Dieu et Dieu lui-même, le Fils unique-engendré, lui qui est de même nature que le Père et l'Esprit saint, qui est comme eux sans commencement et éternel et qui leur est égal en dignité.

Pourquoi les attaques des hérétiques arrivent-elles ? Voilà ce qu'il m'a semblé nécessaire d'expliquer.

Satan, qui déteste la vertu cherche à s'opposer en tout à Dieu qui, lui, aime la vertu.

Et chaque chose que Dieu entreprend de construire, ce Misérable s'efforce de le faire s'effondrer. Il existe de nombreux exemples qui nous le démontrent, dont le récit concernant Job le juste n'est pas le moindre.

Lorsque Dieu a déclaré que Job était juste et pieux et qu'il s'abstenait de tout mal, le Maudit réclama la possibilité de montrer que ce n'était pas le cas, de sorte qu'il serait par conséquent nécessairement établi (du moins le pensait-il) que Dieu avait parlé faussement.

C'est cependant l'Ennemi des justes lui-même qui fut montré comme ayant fait fausse route. Et parce que le Seigneur a promis à Pierre, le chef du chœur apostolique, qu'il poserait les fondations de l'Eglise sur le roc inébranlable de sa confession, et parce qu'il a assuré à l'Eglise qu'elle vaincrait les portes de l'enfer, à cause de cela, et jusqu'à maintenant, l'adversaire de Dieu combat, bataille contre l'Eglise, s'efforçant de la jeter à bas.

Il conspire et cherche des moyens de montrer que la Vérité essentielle de Dieu le Père [4] aurait parlé faussement. Il arme en permanence contre elle des charlatans et des ouvriers de mensonge, comme il est écrit [5], avec des doctrines qui corrompent, ajoutant, si l'on peut dire, de toutes parts maladies sur maladies. Et tandis que ceux qui aiment le mal combattent pour tuer l'épouse immortelle du Christ et s'efforcent de fermer sur elle les portes de l'enfer, son Epoux et Seigneur, qui protège ceux qui s'attachent à lui, ne néglige pas ceux qui sont en danger pour sa cause. Et s'opposant à Dieu, ce Tyran [6] se tient sur des positions hostiles, poussant en permanence en avant contre elle ses soldats destructeurs d'âmes.

Cependant, son Protecteur place en face de chacun d'eux, en opposition, un de ses porte-bouclier et défenseur qui est facilement en mesure de parer les coups que l'autre porte. C'est de l'un d'entre eux, en particulier, qu'il sera question sous peu. Ainsi, il est clair que l'erreur de l'idolâtrie a été détruite par les saints et victorieux martyrs. De même, il est clair que la destruction de chacun des hérétiques [7] a été l'oeuvre de l'assemblée des saints pères.

Mais, alors qu'il n'est pas utile de dresser la liste de ces pères, dans la mesure où ils sont partout cités ouvertement dans tous nos livres sacrés [8], il est de mon devoir de mentionner l'un d'entre eux. Je veux parler de Théodore, le très-béni et très-philosophe évêque de Harran en Coelé-Syrie. Dans ses écrits, qui furent véritablement inspirés par Dieu, il a dignement manifesté l'impiété de la religion des Agaréniens, pour la réprobation publique, et montré à tous qu'elle était digne d'une totale dérision.

Il se trouve que j'ai souvent été présent lorsqu'il réfutait ceux qu'ils appellent leurs "Sages". C'est pourquoi, j'ai pensé qu'il serait utile de mettre par écrit un peu de ce qui s'est passé alors et dont je me souviens, espérant que ceux qui liront ce livre n'en retireront pas un petit bénéfice.

Pour commencer, et avec l'aide de Dieu, je place en premier la question posée par le Sarrazin, utilisant la lettre "S" pour le désigner, puis la réponse de l'évêque très-béni, désigné par la lettre "Th" puisque son nom était Théodore Abu Qurrah. [9]

Notes :

Texte basé sur la traduction anglaise de Lamoreaux, "Theodore Abu Qurrah translated" p 211.

1. Seulement trois manuscrits connus comportent la préface (deux grecs et une traduction géorgienne), et un seul (en grec) présente ce titre en entier. Les deux autres portent seulement : "Réfutation des Sarrasins par le bienheureux Théodore Abu Qurrah". Toutefois, cette attribution à un "diacre Jean" doit certainement être considérée comme originale. Dans la mesure où les copistes grecs cherchaient à compiler les textes de l'évêque "Aboukara", ils négligèrent de copier la préface et rapidement se perdit le souvenir de l'auteur de cette "collection". Qui était donc ce "diacre Jean" dont le nom restait dans le titre du premier dialogue (= Migne 18) ? Finalement, ce "Jean" aura alors été aisément (mais de manière erronée) identifié à St Jean Damascène, lui-même auteur d'une réfutation de l'islam. Aussi, le titre de ce dialogue est-il, dans Migne : "Réfutations des Sarrasins par le même Théodore surnommé Aboukara, évêque de Karôn par la voix de Jean Damascène".

2. Cf. Mt 16.16-18

3. Cf. Col 1.18

4. C'est à dire le Christ, cf Jn 14.6

5. Cf. 2 Cor 11.13

6. Dans l'Antiquité, ce qui caractérisait un tyran, outre son éventuelle violence, c'est la manière illégitime dont il s'est emparé de son trône, renversant par la force le souverain régnant.

7. Comprendre : "de chacune des hérésies"

8. Il ne s'agit pas, bien sûr, de la Bible, mais des recueils des actes des conciles qui ont eu à lutter contre les hérésies d'Arius, de Sabellius…

9. Les opuscules DJ 2 à DJ 7 correspondent bien à cette présentation annoncée, de même que DJ 10 (abstraction faite du terme "agaréniens" dans l'introduction de ce dernier opuscule). Par contre, DJ 9 se présente comme hors cadre. Nous avons, à la suite de Migne, réintroduit "Théodore" et "Le sarrasin" en lieu et place de "Θ" (Th) et "Σ" (S).

Pas plus les deux manuscrits grecs que le manuscrit géorgien ne séparent cette préface des dialogues qui suivent.

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