• La page ressource de John Lamoreaux

     

     

     


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    Comme indiqué précédemment, le 16 Août est la "troisième fête du Sauveur" de ce mois, dédiée à l'icône de la Face du Christ, fête durant laquelle les prémices des fruits secs sont bénies.

     

    Pour l'occasion, j'ai adapté un passage du "Traité de la vénération des saintes images" de Théodore Abu Qurrah.

     

    Dans notre bonne ville d'Edesse se trouve cette image représentant le Christ notre Dieu, lui qui a pris chair de la Vierge Marie, image que l'on vénère en particulier lors de certaines fêtes qui lui sont dédiées.

    Imaginons un homme qui, tout en faisant profession d'honorer et de servir le Christ, se refuse – sur les conseils de son père – à se prosterner devant cette image, prétextant qu'il n'y aurait pas de relation entre l'image et le Christ qui y est représenté.

    Imaginons aussi qu'un portrait du père de cet homme ait été placé à l'extérieur de l'église, et qu'en sortant les personnes ayant vénéré l'image du Christ, passant devant ce portrait crachent dessus.

    Quelle serait donc la réaction de cet homme ? Ne serait-il pas pris de colère, considérant que le mépris exprimé par les crachats ne visent pas la planche ou les couleurs composant le portrait, mais bien son père qui y est représenté ?

    Il en est de même de l'honneur rendu à l'image du Christ : il ne vise ni le support, ni les matières qui la composent, mais bien le Christ lui-même, qui y est ainsi figuré.

    Et si le mépris du portrait de son père suscite la colère de cet homme ; l'hommage sincère rendu à l'image du Christ ne réjouira-t-il pas le Sauveur ?

     

    Théodore Abu Qurrah,

    "Traité de la vénération des saintes images"

    chap 23.

    On trouve une traduction en français de ce traité dans "Les images chrétiennes : textes historiques de Constantin le Grand jusqu'à la période posticonoclaste, 313-900 / [compilés et annotés par] Stéphane Bigham."

    Article Sauveur des noisettes

     

     

     

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    Recueil arabe sur les "gens du dehors", cinquième anecdote, partie 1/3

    Ils nous disent : "Puisque vous vous prosternez devant la Croix parce que le Christ a été crucifié sur elle, pourquoi ne vous prosternez-vous pas devant un âne, puisque le Christ est monté sur l'un d'eux ?

    Ce n'est pas à proprement parler parce que le Christ a été crucifié sur elle que nous nous prosternons devant la croix. En fait, il y a une coutume qui consiste à porter honneur à la chose qui a permis de parvenir à ce que l'on désire le plus ; et cette chose doit d'autant plus être honorée qu'elle est  moins remarquable, puisque c'est par elle qu'un gain si important a été obtenu. On peut tout à fait observer ceci chez les joueurs d'échec. Lorsqu'un joueur va sacrifier un pion de sorte que par-là même il va pouvoir prendre une pièce importante de son adversaire et  mettre le roi mat, il prend le pion, lui porte un baiser, l'élève devant ses yeux comme pour lui rendre hommage, puisque c'est par cette pièce qu'il parviendra à la victoire. Dans le même ordre d'idée, étant donné que c'est par la croix - qui est le déshonneur suprême - que le Christ nous a sauvé de la mort, nous a délivré de l'esclavage de Satan, et nous a rétabli dans la félicité du Paradis, nous nous prosternons devant la croix, pour l'honorer et non pour l'adorer. Par contre, en ce qui concerne l'âne, ce n'est pas par son moyen que nous avons été sauvés.

    Si tu dis que la comparaison ne va pas et qu'il n'y a aucune nécessité d'agir de la sorte, quand bien même les joueurs d'échec le feraient, laisse-moi attirer ton attention sur l'opposé, de sorte que tu puisses ainsi comprendre par l'exemple contraire (*). Chacun ne sait-il pas que tout homme voyant l'épée avec laquelle son père a été tué détruira cette épée s'il en a la possibilité ? De même, s'il trouve la coupe avec laquelle on a donné du poison à son père pour le tuer, ne va-t-il pas briser cette coupe s'il le peut ? Et l'on peut multiplier les exemples. Si tu contestes ceci, c'est alors le prophète David qui te blâmera, puisque c'est précisément pour cette raison qu'il a maudit les montagnes sur lesquelles le roi Saül fut tué. S'il en est donc ainsi, la croix, au moyen de laquelle nous avons obtenu la délivrance précédemment mentionnée de la mort et de l'esclavage de Satan et de ses conséquences, est digne du plus grand des honneurs, lequel est le prosternement et l'offrande.

    Par ailleurs, c'est uniquement devant la croix (**) que nous nous prosternons, car Satan l'a préparé pour le Christ, et cherchait par elle, à le tuer. Mais la sagesse du Christ retourna la situation à l'opposé des desseins de Satan de sorte que la puissance de ce dernier a été anéantie au moyen de la croix.

     

     Notes :

     * Dans le chap 12 du "Traité pour la défense des saintes images", Abu Qurrah reprend ce raisonnement par l'opposé : "Elle est surprenante la lourdeur d'esprit de ceux qui reprochent aux chrétiens d'honorer les images des saints, même si elles ne sont pas liées aux saints, car ces gens-là ne se rendent pas compte qu'ils font la même chose que les chrétiens auxquels ils font ces reproches.

     Ainsi, qu'un juif - ou un autre qui prétend avoir la foi - nous donne son avis : Si quelqu'un écrit sur un papier le nom d'Abraham l'ami de Dieu et les noms Isaac, Jacob, Moïse, David et des prophètes de Dieu, et si un ennemi des saints prophètes prend ce papier, crache dessus, le piétine et le salit à cause de sa haine des prophètes, l'homme qui a commis de tels actes ne serait-il pas, à leurs yeux, passible de la peine de mort, comme s'il avait commis ces crimes contre les prophètes eux-mêmes ? Il n'y a là-dessus aucun doute ! Pourtant ces noms ne sont pas liés aux prophètes (***). Alors, si ces gens étaient doués d'intelligence, ils honoreraient et embrasseraient ce papier, en en prenant soin et en l'imbibant de parfum."

     ** Et non devant tout ce qui peut évoquer un quelconque épisode de la vie du Sauveur, comme un âne.

    *** Puisque un même nom peut être porté par des milliers de personnes, et n'est pas réservé à tel prophète.

    repris de l'article Devant ta croix...


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    Chefs bedouins par Vernet

    Me pardonnera-t-on de revenir sur l'anecdote de Théodore Abu Qurrah rapportée dernièrement ? En tous cas, je l'espère car elle me semble significative de ce que sont les relations inter-religieuses.

    Trois points en particulier méritent d'être relevés :

    1. Des provocations de ce type existent, et peuvent effectivement déstabiliser profondément : même si l'on sent que la question est biaisée, tout le monde n'est pas en capacité de mettre en évidence la faille du raisonnement.

    2. Alors que la question est posée avec une volonté évidente de blesser, voire d'humilier, la réponse n'est pas faite dans la surenchère : si le questionneur se fourvoie, ce sont ses propres raisonnements et attitudes qui le montreront. Au final, Abu Qurrah aura suffisamment montré la cohérence de la foi des chrétiens pour n'avoir pas à rabaisser son interlocuteur, de sorte que le provocateur lui-même en ressort pacifié, sans désir de revanche.

    3. Enfin, et ce n'est pas le moindre mérite de cette anecdote, on notera que si le provocateur est un musulman, c'est un autre musulman qui intervient pour l'obliger à entendre la réponse d'Abu Qurrah. Je relève ceci non en raison du principe (bien étrange, ma foi*) que "tous les croyants devraient arriver à s'entendre", mais parce que quoique nous puissions être en désaccord sur des points aussi importants que la foi, cela ne signifie aucunement que nous devrions nécessairement être ennemis : après tout, ce qu'un musulman pense de Dieu n'est pas plus inacceptable que ce qu'en pense notre aimable voisin totalement agnostique, avec qui nous entretenons d'excellentes relations.

    Il me semble particulièrement important de relever ce dernier point en ce moment, alors que des petits malins** ne trouvent rien de mieux à faire que d'inventer des histoires cauchemardesques de meurtres de chrétiens et de les faire circuler sur l'internet histoire de pervertir la compassion et d'instiller la haine. Ces personnes produisent des documents censés émaner de sources fiables (personnalités religieuse, familles de victimes…) et qu'ils accompagnent de photos à faire frémir. Recevant l'information qui paraît crédible (rien à voir avec ces "hoax" immédiatement détectables qui ne mentionnent ni lieux ni dates), des chrétiens tout à fait respectables et sincèrement bouleversés la font suivre à tout leur carnet d'adresse, augmentant ainsi la crédibilité de "l'infaux".

    C'est ce que dénonce cet article. Et comme j'ai été dernièrement confronté à l'une de ces monstruosités (et après une enquête particulièrement pénible j'ai pu alerter les personnes qui me l'avaient – en toute bonne foi – transmis) je ne peux qu'inviter à la plus grande vigilance : il y a suffisamment de vrais drames susceptibles de nous tourner les sangs sans que l'on aille en rajouter.

    Notes

    * Que des groupes qui croient en l'action politique, mais avec des visions opposées, s'affrontent verbalement (et j'ai connu l'époque où ces affrontements n'étaient pas que verbaux entre les blocs de l'Est et de l'Ouest) pour changer le monde, voila qui ne choque légitimement personne. Par quel raisonnement curieux des croyants, avec des visions divergentes non seulement du monde mais encore du Créateur du monde, devraient subitement se trouver d'accord en tout, et en particulier en ce qui les oppose ?

    ** "malin" au sens où nous prions "délivre-nous du Malin", c'est-à-dire du démon.

     

    article Autours de la noce

     

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    http://www.needlenthread.com/Images/Miscellaneous/Readers_Embroidery/dormition_07.jpg

     

    Traité arabe "Contre les Gens du dehors", anecdote 2.

    L'anecdote, rapportée par un de ses auditeur, a probablement eu lieu bien avant que Théodore ne soit évêque de Harran, sans doute dans sa jeunesse.

     

    En compagnie d'un autre chrétien plein de zèle, ils allaient de lieu en lieu comme des nomades étrangers, vivant dans l'humilité à cause du Christ.

    Etant arrivé dans un village où des chrétiens venaient de célébrer un mariage, ils furent – à cause des règles sacrées de l'hospitalité – retenus pour les réjouissances et le repas et, sans tenir compte du fait qu'ils étaient dans une tenue des plus modestes, on les installa à la table d'honneur.

    Dans ces régions de Syrie où les gens se côtoient, il n'y avait rien d'étonnant qu'à leur table se trouvent aussi des invités musulmans.

    Cependant, l'un d'eux se mit à apostropher ses hôtes chrétiens, leur demandant : "Répondez-moi : que pensez-vous d'un homme qui tue sa mère ?"

    La provocation était cousue de fil blanc, le sens de la question étant précisément : "Puisque vous, chrétiens, affirmez que le Christ est Dieu, et que Dieu est maître de la vie et de la mort, comment pouvez-vous l'honorer alors qu'il a fait mourir celle qui lui a transmis la vie ?" On comprend dès lors l'embarras des chrétiens présents qui demandèrent à ne pas avoir à répondre à cette question, afin que la joie de la noce ne leur soit pas gâchée. De son côté, le questionneur insistait de plus en plus lourdement.

    Voyant le désarroi de leurs hôtes, l'ami de Théodore invita ce dernier à apporter une réponse,  ce qu'Abu Qurrah refusa dans un premier temps, ne voulant pas se faire remarquer. Cependant, devant l'insistance du musulman très fier de sa provocation, le compagnon de route d'Abu Qurrah lui dit : "Pour l'amour de Dieu, tu dois lui répondre ! Il a mis le doute dans le cœur de tous les chrétiens ici présents, et toi tu t'en fiches !" A ces mots, Abu Qurrah interpella avec audace le questionneur, lui demandant : "Pourquoi ne m'as-tu pas posé ta question, à moi ?"

    Se rendant compte qu'il avait affaire à quelqu'un capable de lui tenir tête, le provocateur commença à perdre de son assurance et chercha à passer à autre chose. C'est alors que son voisin de table, musulman lui aussi, l'interpella en ces termes : "Après avoir harcelé tout le monde au point de leur gâcher le repas, tu prétendrais te défiler maintenant que tu as en face de toi quelqu'un prêt à te répondre ?" Ainsi coincé, le questionneur fut donc bien obligé de poser à Abu Qurrah la question : "Que penses-tu de quelqu'un qui tue sa mère ?", ce à quoi Théodore répondit, du tac-au-tac : "J'en pense la même chose que ce que toi, tu penses de quelqu'un qui tue son ami."

    Déconcerté, le musulman demanda "Et de qui parles-tu ?"

    Et la réponse fut : "De ton Dieu."

    Voyant que le hardi questionneur musulman perdait complètement pied, Abu Qurrah expliqua : "Ne sais-tu pas qu'Abraham était l'ami de Dieu ?** A cause de Dieu, Abraham a tout quitté : parent, pays, amis pour partir vers d'autres contrées. Il avait avec lui son épouse, la plus belle des femmes, une tentation pour tous ceux qui la voyaient et à cause de cela il faillit à plusieurs reprises se faire tuer. Il supporta toutes ces épreuves par obéissance pour Dieu. Puis, alors qu'il était âgé, un fils lui est né, sa consolation dans le monde et la réjouissance de son cœur. Mais Dieu lui ordonna de lui sacrifier ce fils, et Abraham prit un couteau pour sacrifier celui qu'il aimait tant. Et après qu'Abraham se soit ainsi consacré à Dieu par son amour et son obéissance, Dieu a volontairement tué Abraham ; dans la mesure où c'est toi-même qui as appelé la mort un "meurtre".

    Maintenant, si tu me voyais servir un roi, lui obéir comme Abraham obéissait à Dieu, et que ce roi me tue, voudrais-tu l'avoir toi-même pour souverain ?".

    Le musulman reconnut que non, mais retournant la question, il demanda alors

    "Ne dis-tu pas, toi aussi, que le Dieu d'Abraham est ton Dieu ?" Et comme Abu Qurrah acquiesçait, le musulman lança "Alors, tu as tort tout autant que moi !"

    Sans se laisser démonter, Abu Qurrah lui dit : "Non, c'est sur toi seul que retombe la faute, puisque c'est toi qui blâme une action qui est de celles que ton Dieu a faites. Pour moi, j'ai un moyen d'échapper à l'une comme à l'autre des contradictions".

    De plus en plus étonné, le musulman demanda comment il pouvait se sortir de ce dilemme, mais Théodore refusa de lui répondre dans la mesure où il n'avait pas daigné traiter ses hôtes et les autres invités avec respect.

    Cependant, face à la demande instante de l'ensemble des membres de la noce, il se laissa fléchir et expliqua :

    - "Dis-moi, Dieu n'est-il pas juste ?"

    - "Si."

    - "Si j'étais un roi et que je t'accuse toi, ainsi que mon père et que mon meilleur ami, d'un seul et même crime, qui mérite à chacun de vous la sentence de mort, mais qu'ensuite je renonce à la peine de mort pour mon père et mon ami, tout en la maintenant pour toi, ne considérerais-tu pas que j'ai outrepassé les bornes de la justice ?"

    - "Oui, bien sûr"

    - "Ne sais-tu pas que Dieu a condamné Adam et toute sa descendance à mourir ? Si donc il avait mis en œuvre de faire mourir tous les humains, mais en épargnant ceux qu'il aime, cela n'aurait-il pas annulé sa première sentence ? Or, loin de lui qu'il se contredise lui-même, sans quoi il serait un objet de moquerie ! Qu'il soit exalté au-dessus tout cela !"

    Ce à quoi le musulman répondit : "Tu as raison, et tu as mis mon cœur à l'aise : que Dieu te bénisse !"

    Les P'tites notes explicatives

    * Ce récit fait partie d'un "recueil d'anecdotes" qui se trouve dans un manuscrit arabe inédit, une traduction anglaise étant en préparation. Plutôt que de le livrer en une traduction brute, avec plein de notes autours, j'ai préféré en présenter une "adaptation"

    ** Concernant Abraham, le qualificatif "ami de Dieu", provient de l'Ancien Testament (Esaïe 41.8 "Et toi, Israël, mon serviteur, Jacob, que j'ai choisi, race d'Abraham, mon ami") et se trouve explicitement mentionné dans le Nouveau Testament (Jac 2.23 "Ainsi s'accomplit ce que dit l'Écriture: Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice; et il fut appelé ami de Dieu"). Ce qualificatif a ensuite été repris dans le Coran (4.125 "Qui est meilleur en religion que celui qui soumet à Allah son être, tout en se conformant à la Loi révélée et suivant la religion d'Abraham, homme de droiture? Et Allah avait pris Abraham pour ami privilégié").

    C'est donc à dessein qu'Abu Qurrah l'emploie vis-à-vis de son interlocuteur musulman. Il fait de même dans le "Traité pour la défense des saintes images" (chap 9 et 12).

     Repris de l'article Dormition 2013


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  • Traité arabe "Contre les Gens du dehors", quatrième anecdote

    Ils demandent : "Dis-nous, qui est venu en premier ; le Christ ou sa mère?"

    En ce qui concerne ceux qui demandent cela, lorsque nous leur disons que le Christ est antérieur à sa mère, ils s'esclaffent de stupéfaction et disent : "Existe-t-il plus grande folie ? Quand avez-vous jamais vu un enfant plus âgé que sa mère ?"

    Ils trouvent notre propos fautif du fait qu'ils comparent ce que nous disons et ce que leurs yeux voient. C'est pourquoi nous leur disons : "Vos yeux ne voient pas la plupart des réalités, et c'est pour cela que vous ne comprenez pas qu'une chose engendrée peut être plus ancienne et antérieure à ce qui l'a engendré. Si tel n'était pas le cas, pourriez-vous m'expliquer ce qui suit ? Imaginez un puits, profond d'une centaine de coudées, totalement obscur, et dans lequel une perle est tombée. Vous voulez voir la perle. Le seul moyen que vous ayez, c'est de prendre un miroir parfaitement poli, de le tenir au-dessus du puits et de l'incliner de manière à ce que les rayons du soleil s'y reflètent. Le miroir projettera alors les rayons du soleil jusqu'au fond du puits, de sorte que le fond de l'eau sera aussi éclairé qu'en plein air. Le regard peut alors y pénétrer et voir tout ce qui s'y trouve.

    Qu'est-ce qui a placé les rayons du soleil dans les profondeurs du puits ? C'est le miroir. Pourtant, et sans le moindre doute, les rayons du soleil sont antérieurs au miroir.

    Il en est de même en ce qui concerne la Lumière éternelle, qui est de Dieu. Elle est venue sur Marie, qui a été choisie par le Saint-Esprit, qui est plus polie qu'un miroir, et cette Lumière a été engendrée dans notre monde qui était sombre, jusque dans ses profondeurs. Pourtant, cette Lumière était antérieure à Marie.

    Si donc, en raison de votre grossière comparaison, vous voulez nous blâmez, mes amis, que notre comparaison plus fine vous persuade.

    Si par contre vous affirmez que la divinité est au-delà de toute comparaison, alors ne parlez que de ce qui se trouve dans les spirituelles Ecritures de Dieu, l'acceptant par la foi plutôt que de vous moquer de nous à cause de contes de bonnes femmes qui ébranlent vos âmes.

    Gloire à notre Seigneur ! Amen.

     

     Repris de Dimanche de la Généalogie 2013

     


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  • C'est une habitude des Sarrasins hypocrites, lorsqu'ils rencontrent un chrétien, de ne pas le saluer [1], mais de dire, de but en blanc : "Chrétien ! Témoigne que Dieu est unique et imparticipable, et qu'il a Muhammad pour serviteur et pour envoyé" [2].

    Un de ces hypocrites ayant rejoint le bienheureux évêque alors qu'il redescendait de Jérusalem, au lieu de recevoir la salutation de l'évêque lui dit immédiatement : "Chrétien, témoigne que Dieu est un et sans associé, et que Muhammad est son serviteur et son messager".

    Théodore répondit : "Cela ne te suffit-il pas d'être condamné pour un faux témoignage, il faut encore que tu entraînes les autres à faire de même ?"

    Le Sarrasin : Je ne fais pas de faux témoignage !

    Théodore : Etais-tu présent lorsque Dieu a envoyé Muhammad ?

    Le Sarrasin : Non, mais j'en témoigne parce que mon père en témoignait.

    Théodore : Si ce qui est dit par les parents aux enfants était toujours la vérité, alors tout le monde, que ce soit les samaritains, les juifs, les scythes, les chrétiens et ceux qui suivent la religion païenne des anciens grecs auraient la vraie foi, car chacun d'entre eux aura appris à témoigner de sa foi comme ses parents. Et alors ! En quoi ta religion sera-t-elle différente si tout ce que tu fais est de "croire comme ton père" ? Avec un tel raisonnement, les païens qui vivent comme des bêtes verront aussi leurs croyances justifiées.

    Le Sarrasin : Comme tu m'as mis dans l'embarras, dis-moi : Est-ce que vraiment tu ne témoignes pas en fonction de ce qui t'a été enseigné par ton père ?

    Théodore : Si, bien sûr ! Mais ce que mon père m'a enseigné, et ce que le tien t'a enseigné sont deux choses bien différentes !

    Le Sarrasin : Que veux-tu dire par là ?

    Théodore : Mon père m'a appris à n'accueillir quelqu'un comme Envoyé uniquement s'il a été annoncé par un prophète antérieur ou si par des miracles il démontre qu'il est digne de foi. Ton Muhammad, lui n'a ni l'une, ni l'autre de ces caractéristiques. Aucun prophète des temps anciens ne l'a annoncé comme prophète, et lui-même n'a pas confirmé la foi en lui par des miracles.

    Le Sarrasin : Au contraire ! le Christ a écrit dans l'Evangile : "Je vous enverrai un prophète dont le nom est Muhammad". [3]

    Théodore : L'Evangile n'en fait aucune mention.

    Le Sarrasin : Cela y était, mais vous l'avez supprimé. [4]

    Théodore : Si quelqu'un, demandant l'exécution d'une dette, présente devant le juge un reçu signé de la main du débiteur, dans lequel il n'y a rien qui corresponde à ce qu'il réclame, qu'est-ce que le juge va décider que le plaignant doit recevoir ?

    Le Sarrasin : Rien.

    Théodore : Par conséquent, vous n'avez rien dans l'Evangile

    Le Sarrasin : Même si je n'ai rien dans l'Evangile, d'après les miracles que Muhammad a accomplis, il est un prophète digne de foi.

    Théodore : Quel miracle a-t-il accompli ?

    Le Sarrasin, raconta alors de fausses histoires[5], puis ne pouvant rien dire de vrai, se tut.

     Notes :
    Cette anecdote fait partie du recueil du Diacre Jean. C'est donc précisément lui qui parle de "sarrasins hypocrites", comme nous disons "fanatiques". Texte grec : traité 19, PG 97, col 1544. Je me suis aussi basé sur la traduction américaine de Lamoreaux.

    1. Ce qui est de la plus grande grossièreté. Mais, comme me l'a expliqué un musulman - lui-même quelque peu fanatique - rencontré il y a quelques années : "Pour la salutation usuelle "As Salaam Aleiqoum" (La paix soit avec toi), l'arabe emploie le terme "Salam" (= la Paix) qui, dans l'islam, est aussi un des 99 noms de Dieu. S'adresser à un interlocuteur en lui disant "As Salaam Aleiqoum" peut donc être considéré comme signifiant précisément "Dieu est avec toi", et une telle parole ne peut être dite qu'à un musulman !" CQFD.

    2. On notera que la phrase proposée, compte tenu que l'anecdote nous a été transmise en grec, correspond pour le fond à la confession de foi musulmane (la Shahada): "Il n'y a d'autre dieu qu'Allah, et Muhammad est son envoyé". La phrase est cependant "adaptée" à un chrétien, à qui l'islam reproche précisément "d'associer" le Christ à Dieu. Si donc le chrétien prononce ces mots, il sera alors considéré comme s'étant converti à l'islam. Et si par la suite il manifeste qu'il n'est pas musulman, il pourra être considéré comme un apostat et à ce titre susceptible d'être mis à mort.

    3. "Le Christ a écrit dans l'Evangile…" : cette affirmation touche un point fondamental de l'islam : sa prétention à être dans la continuité de la révélation biblique. (Voir par exemple, Coran 7.155, 156)
    Dans le cas présent, le "sarrasin" fait allusion à une "prophétie" placée dans la bouche de Jésus par le coran (61.6) : Enfants d'Israël, je suis l'apôtre de Dieu (...) et je vous annonce la bonne nouvelle qu'un apôtre vient après moi et son nom sera Ahmad. Toutefois il n'existe aucune trace d'une telle "prophétie"dans la Bible, et son origine sous le calame de Muhammad reste obscure.
    On peut bien sûr faire un rapprochement avec les passages de l'évangile de Jean où il est question de l'envoi du saint Esprit, le "Paraclet" (παράκλητος = Celui qu'on appelle à son aide, avocat, défenseur, consolateur) (Jn 15.23-27) ; ce que fit, au VIIIe siècle, Ibn-Ishaq ; suivi à la fin du XIIe siècle par Al-Razi.  Cependant un tel rapprochement porte à faux dans la mesure où le nom de "Ahmad" ne se trouve pas dans l'Evangile, et que "Ahmad" ne correspond en aucun cas à "Parakletos".

    4. Puisque le "sarrasin" ne peut produire de copie de l'Evangile contenant cette prophétie, il ne lui reste qu'à affirmer qu'elle a été enlevée par les chrétiens. Affirmation gratuite et sans fondement qui ne saurait avoir force de preuve : aucun manuscrit ou fragment, pas plus que la moindre citation ancienne ne vient soutenir cette assertion .

    5. Si le Coran attribue de nombreux miracles à Jésus, dont certains proviennent en droite ligne de ces "contes de Noël" que furent les évangiles apocryphes de l'enfance ; par contre concernant Muhammad, non seulement le Coran ne rapporte aucun miracle, mais exclut même qu'il en ait accompli. En fait, l'unique miracle censé attester de la mission divine de Muhammad est, selon le Coran, le Coran lui-même (Coran 29.46-51). De fait, le terme "aïah" (pluriel : "aïat") qui désigne les "versets" du Coran signifie proprement "signe", "miracle".
    Cependant cette frugalité dans le merveilleux dut paraître un peu austère aux premières générations de musulmans, de sorte que le hadith regorge de miracles en tous genres (multiplication de nourriture, guérisons miraculeuses, animaux et arbres témoignant en faveur de Muhammad…). C'est probablement à l'un ou l'autre de ces "miracles" que la fin du dialogue fait allusion.

     repris de l'article La soumission, l'exil ou la mort


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  •  Le sarrasin : Le Christ a dit : "le Fils ne peut rien faire de par soi même, s'il ne le voit pas faire par le Père" [1]. Comment peut-il donc être Dieu, celui qui – selon vous - ne peut rien faire par lui-même ?

    Théodore : Peux-tu voler dans les airs ?

    Le sarrasin : Non

    Théodore : Si voyant un aigle voler dans les airs, tu pouvais toi aussi de la même manière t'élever dans les airs et voler comme lui, lequel de vous deux provoquerai plus d'étonnement : toi ou l'aigle ?

    Le sarrasin : Moi

    Théodore : Par conséquent le Christ est plus surprenant que ton Dieu.

    Notes :

    Texte grec : traité 23, PG 97, col 1553 ; traduction anglaise : Lamoreaux, "Theodore Abu Qurrah translated" p 220 ; traduction russe : Sablukov in "миссіонеръ" n° 22, p 172 (3° traité) ; traduction française : Khoury, "Apologies byzantines" p 77.

    1. Jean 5. 19

    2. En effet, il n'est pas "étonnant" que Dieu soit Créateur, mais qu'un homme, fut-il prophète comme le pense le sarrasin, puisse faire les mêmes œuvres que Dieu, voilà qui est surprenant. En effet, le passage de l'Evangile cité par le sarrasin se poursuit "et tout ce que le Père fait, le Fils le fait pareillement".


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    Fragment grec n° 17, Migne PG 97, col 1542

    L'incroyant : Le Christ a déclaré : "Quiconque n'est pas né d'eau et d'Esprit n'entrera pas dans le Royaume des cieux". Qu'en est-il des justes qui, ayant vécu avant sa venue, n'ont pas été baptisés ? Comment peuvent-ils y entrer ?

    Le chrétien : Le Christ a été baptisé pour eux, de même qu'il est mort pour tous. Il a dit "Je me sanctifie moi-même pour eux". A ce moment, eux aussi ont été physiquement baptisés.

    L'incroyant : Comment est-ce possible ?

    Le chrétien : Ne sais-tu pas que ceux qui meurent ne sont pas complètement détruits, mais qu'ils se désagrègent en particules, celles dont ils étaient constitués.

    L'incroyant : Effectivement..

    Le chrétien : Il est écrit que, lorsqu'il fut percé au côté par la lance, du sang et de l'eau ont coulé de son côté.

    L'incroyant : Oui, c'est ce qui est écrit.

    Le chrétien : Aussi, quand cette eau s'est mélangée aux particules, il sanctifia toutes choses et baptisa ceux qui avaient été dispersé et décomposés en ces particules.

    L'incroyant : Dans ce cas, les incroyants, et d'une manière générale tous ceux qui ont vécu avant sa venue ont été baptisés.

    Le chrétien : Pas du tout, mais seulement les corps des croyants dont les âmes ont cru au Christ lorsqu'il est descendu – en fait, son âme sainte – au séjour des morts. Il en est comme d'un canal, un torrent à l'eau vivifiante bordé de nombreux arbres, certains complètement morts et desséchés, les autres encore vivants. Qu'en penses-tu ? Lorsque l'eau les atteindra, est-ce que tous les arbres en profiteront en aspirant l'eau et la vie, ou seulement qui ont la capacité de la recevoir ou de l'aspirer ? Ceux qui sont complètement secs ne profiteront en rien de l'eau. De la même manière, les incroyants ne profiteront en rien de cette eau qui a imbibé les particules.

     

    ** Texte grec : PG 97, col 1542

     Repris de l'article Vendredi saint 2015


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  • Recueil arabe "Contre les gens du dehors", anecdote 5, partie 2/3

     "La croix est devenu un signe de reproche envers Satan, un de ceux tel qu'il n'en est pas de plus grand, dans la mesure où Satan avait l'habitude de se vanter de sa sagesse, et de la manière dont il avait, par sa ruse, fait chuter Adam – lui qui avait été créé à l'image de Dieu – et comment il avait ainsi pris possession du monde entier. C'est pourquoi nous montrons à Satan le signe de la croix afin de lui reprocher son ignorance, puisque c'est justement par le moyen de la croix que nous avons été sauvés de l'esclavage de Satan, et ce dernier continue à avoir honte par rapport à la croix, de sorte qu'il est même incapable de la regarder.

    Imaginez un homme qui va partout racontant qu'il est le plus héroïque, le plus vaillant et le plus noble des hommes. Un jour, ses ennemis l'ayant combattu le vainquent en lui infligeant une cuisante défaite et l'ayant fait prisonnier, lui rasent la barbe.

    Etant ensuite parvenu à s'échapper, il retourne à son lieu d'origine, où il étalait ses vantardises.

    S'il se trouve à cet endroit une personne qui, d'un simple geste évoquant le rasoir qui la dépouillé de sa barbe lui rappelle ce qu'il a eu à subir de ses ennemis, n'en sera-t-il pas mortifié ? C'est en ce sens que nous faisons le signe de la croix, en forme de reproche à Satan."

    **** Traité arabe inédit "Contre les gens du dehors", section 5.

     

    Repris de l'article "Triomphe paradoxal"


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